Pourquoi la céramique demande du temps ? 3 mars 2023 – Catégorie: Technique

Je réponds ici à une question que l’on pose souvent à la céramiste que je suis. Notamment lors des ateliers découverte de la céramique où les participants peuvent créer de leurs mains leurs propres pièces. Pourquoi la céramique demande-t’elle autant de temps ?

La céramique de l’idée à la conception

Commençons par le début. Avant de mettre les mains dans la terre, il faut savoir ce que l’on va faire. Il s’agit donc dans un premier temps de crayonner ou d’avoir en tête la forme et le volume que l’on souhaite créer. L’idée de départ, déjà, ça prend du temps (plus ou moins me direz-vous selon l’imagination de chacun).
Mais ce n’est pas tout. Il faut ensuite s’assurer que l’idée que l’on a est réalisable. C’est à dire qu’il faut réfléchir à la méthode : va-t’on faire du modelage, de l’estampage, du tournage, du colombien, etc. ? Il faut aussi penser en amont aux différentes étapes de montage.
C’est pourquoi il est souvent utile (voire nécessaire) de pratiquer des tests ou prototypes. Ne serait-ce que parce que la terre nécessite, afin de la manipuler, qu’elle soit ou plus moins sèche.
Par exemple, si vous souhaitez monter une petite maisonnette dans laquelle créer des fenêtres pour en faire un photophore, il vous faudra maîtriser par-faite-ment la consistance de votre terre. Trop molle, le mur ne pourra tenir quand vous allez coller une autre face à votre cube. Ou bien, si la terre est déjà trop dure quand vous désirez creuser vos fenêtres, il sera trop tard et vous ne pourrez plus couper vos formes sans faire craquer la terre.

Le séchage de la terre, une étape primordiale en céramique

L’argile est un minéral composé de multiples petites feuilles superposées. Entre chaque se trouve de l’eau. C’est cette dernière qui s’évapore lorsque vous laissez la terre durcir. Ce taux de rétractation est aux alentours de 5% (cela varie selon la composition de votre argile) et c’est là que ça se complique.

Si l’évaporation de l’eau est trop rapide, parce qu’il fait chaud par exemple, ou que vous laissez votre pièce sans la recouvrir au soleil… l’argile va réagir comme le fait la terre craquelée dans le désert quand elle n’a plus d’eau. Et occasionner des fissures. Visibles (si elles sont importantes) ou pas (mais là vous aurez l’agréable surprise de la découvrir à la cuisson dans le four).

Un séchage lent permet d’évacuer l’eau de façon homogène et solide.
Evidemment, le séchage va différer selon la taille de votre pièce, son épaisseur et la différence entre différentes épaisseurs. Une assiette par exemple verra d’abord son bord sécher, avant le centre, et si le temps de séchage est insuffisant, la fissure au milieu vous fera un grand et beau sourire.

Maîtriser les temps de séchage est une étape primordiale pour un céramiste. Une pièce (comme celles citées plus haut de petite maisonnette photophore ou d’assiette) nécessite d’être recouverte d’un film plastique afin d’obtenir un séchage lent et sûr… Ce qui prendra 2 ou 3 semaines.

La céramique fait apprendre la patience.